La croisade : un déplacement majeur

 

Les croisades, aux 11e-13e siècles, sont parmi les plus longs déplacements humains du Moyen Âge occidental. Durant deux siècles environ, des milliers de pèlerins et d’hommes d’armes s’élancent sur les routes en direction du monde arabo-musulman. Les comptes tenus par les clercs des comtes de Flandre-Namur, engagés dans la huitième croisade (1270) aux côtés de Louis IX, livrent de nombreuses informations.

Le départ en croisade, de la Flandre à Tunis, avril à juillet 1270 (réalisation Phi Média © MPMM)

Avant de gagner la Terre Sainte, Louis IX décide de se rendre à Tunis (empire almohade) pour y convertir le calife. Les escarmouches et les attaques des Sarrasins, le vent et les tourbillons de sable, la chaleur, la promiscuité des camps et le manque d’hygiène, les vivres insuffisants et les maladies infectieuses mettent à mal le camp du roi de France. Nombre de croisés ne survivent pas et sont enterrés dans le sable tunisien. Pour les personnages d’importance, dont Louis IX mort le 25 août, est pratiqué le mos Teutonicus. Cette technique funéraire consiste à démembrer le corps et à mettre les membres à bouillir, pour ne rapatrier que les ossements (et éventuellement certains organes).

L’église Notre-Dame-des-Sablons à Aigues-Mortes, où une messe est célébrée pour les croisés le 1er juillet 1270 (photo, juin 2017 © MPMM)
La mort de Louis IX devant Tunis, le 25 août 1270. En arrière-plan, l’arrivée de la flotte du frère du roi, Charles d’Anjou (Les Grandes Chroniques de France, vers 1455-1460, Paris, ms. français 6465, f°284v © BnF)

Un très grand nombre de mules et de chevaux accompagnent le convoi (environ 500 pour le comte de Flandre-Namur !). Certains sont achetés ou loués au fur et à mesure du voyage, par exemple en Sicile, réputée pour ses haras. Ils nécessitent à eux seuls une importante organisation, notamment lors des traversées en mer. Les comptes mentionnent les frais payés auprès des nochiers et des nasvieurs ou maroniers des barges (navigateurs, marins).

Louis IX et les croisés accostent une forteresse de Sarrasins (Roman d’Alexandre en prose et autres textes, vers 1333-1340, Londres, Royal ms. 19 D I, f°187v © British Library)

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