La croisade : un déplacement majeur
Les croisades, aux 11e-13e siècles, sont parmi les plus longs déplacements humains du Moyen Âge occidental. Durant deux siècles environ, des milliers de pèlerins et d’hommes d’armes s’élancent sur les routes en direction du monde arabo-musulman. Les comptes tenus par les clercs des comtes de Flandre-Namur, engagés dans la huitième croisade (1270) aux côtés de Louis IX, livrent de nombreuses informations.
Avant de gagner la Terre Sainte, Louis IX décide de se rendre à Tunis (empire almohade) pour y convertir le calife. Les escarmouches et les attaques des Sarrasins, le vent et les tourbillons de sable, la chaleur, la promiscuité des camps et le manque d’hygiène, les vivres insuffisants et les maladies infectieuses mettent à mal le camp du roi de France. Nombre de croisés ne survivent pas et sont enterrés dans le sable tunisien. Pour les personnages d’importance, dont Louis IX mort le 25 août, est pratiqué le mos Teutonicus. Cette technique funéraire consiste à démembrer le corps et à mettre les membres à bouillir, pour ne rapatrier que les ossements (et éventuellement certains organes).
Un très grand nombre de mules et de chevaux accompagnent le convoi (environ 500 pour le comte de Flandre-Namur !). Certains sont achetés ou loués au fur et à mesure du voyage, par exemple en Sicile, réputée pour ses haras. Ils nécessitent à eux seuls une importante organisation, notamment lors des traversées en mer. Les comptes mentionnent les frais payés auprès des nochiers et des nasvieurs ou maroniers des barges (navigateurs, marins).