Emporte tes instruments et ton savoir(-faire)
La vie des artistes et des artisans s’accompagne nécessairement d’une grande mobilité d’un lieu/chantier à un autre. Cette mobilité est liée à leur parcours formatif mais aussi, très souvent, aux mécènes et commanditaires dont ils dépendent et qu’ils sont amenés à suivre. À la fin du 13e siècle, le ménestrel Adenet le Roi décrit « l’humeur fort voyageuse » de son seigneur, le comte de Flandre-Namur, et le fait que lui-même connaît parfaitement la route vers Paris, entre autres !
Dans la région rhéno-mosane, aux 12e et 13e siècles, la réalisation de majestueuses châsses (grands reliquaires en forme de sarcophage), à la demande d’institutions ecclésiastiques, nécessite le travail de plusieurs orfèvres, parfois d’origines différentes. L’étude des décors orfévrés livre de précieuses informations sur les gestes des artistes et de leurs équipes. Sur la base de l’usage de mêmes poinçons, il est ainsi possible de suivre dans ses déplacements l’orfèvre Nicolas de Verdun, impliqué dans la réalisation d’un ambon à Klosterneuburg (près de Vienne), de la châsse des Rois mages à Cologne et de la châsse Notre-Dame à Tournai.
Ce sont quelques indices matériels et stylistiques qui trahissent, quant à eux, l’intervention d’un maître orfèvre, anonyme, dans la réalisation de la châsse de Notre-Dame d’Aix-la-Chapelle et de la châsse de saint Remacle de Stavelot.
Dans un cas comme dans l’autre, la renommée de l’orfèvre l’amena à voyager d’un milieu (religieux, culturel, politique) à un autre.