L’expérimentation de la cervoise à Malagne

 

Vaste domaine agricole abritant les vestiges d’une villa gallo-romaine du 1er siècle, le site de Malagne – Archéoparc de Rochefort participe à la recherche scientifique grâce à des projets d’archéologie expérimentale. Dès 2004, la bière est mise à l’honneur. Les objectifs sont d’établir une recette au plus près du monde gallo-romain et de la tester en conditions réelles, avec du matériel reconstitué.

Séchoir à grains dans une des annexes agricoles (photo P. Mignot © SPW-AWaP)

 

Une véritable enquête est menée : ce sont les représentations figurées sur les stèles funéraires et les structures révélées au cours des fouilles archéologiques qui constituent la base de la documentation. Cependant, les interprétations se font avec difficulté car les vestiges découverts peuvent être employés pour d’autres usages. Puisqu’il apparaît que les techniques sont relativement similaires à celles employées jusqu’au 19e siècle, le matériel reconstitué s’inspire aussi des outils traditionnels des brasseurs.

À Malagne, un foyer rectangulaire de 4,80 m sur 2,30 m, entouré de murets, a été découvert dans une des annexes agricoles lors des fouilles menées par la Région wallonne. Interprété comme un séchoir à grains, il aurait également pu être utilisé pour le maltage du grain, mais sans certitude. 

La fabrication de la cervoise à Malagne (photo © Malagne, Archéoparc de Rochefort)

 

La bière est brassée chaque année en hiver, comme cela se faisait à l’époque, avec du malt d’orge, de l’eau de source, de la levure, du miel et des plantes issues du jardin reconstitué de Malagne. L’expérience s’est concentrée sur l’étape du brassage, ainsi que sur la mise en fermentation. Elle est présentée au public touristique lors d’évènements festifs.

Une bière d’inspiration antique a été créée sur base des expérimentations. L’étiquette est une évocation du vallus moissonnant l’épeautre sur le site de Malagne (photo © Malagne, Archéoparc de Rochefort)

 

À l’avenir, de nombreux projets d’expérimentation pourront venir enrichir notre connaissance de la bière antique : réaliser le maltage du grain, changer le type de malt, ajouter de l’épeautre non malté, modifier les paliers de température pendant le brassage, etc. L’expérience acquise autour de la cervoise de Malagne ouvre ainsi de nouvelles perspectives à la recherche.

Innovations et contraintes