La fabrication de la bière à l’abbaye de Villers
La chronique de l’abbaye attribue à l’abbé Arnulphe (1270-76) la construction d’une brasserie, qu’il est impossible de localiser. L’impressionnant bâtiment (471 m²) du 13e siècle, communément qualifié de « brasserie », n’a probablement pas toujours eu cet usage. Fermant la grande cour d’entrée de l’abbaye au nord-est, il dut servir à l’origine d’hôtellerie monastique. La première attestation sûre de son affectation en brasserie remonte à 1606, lorsqu’un érudit de passage y localise la « cuisson des cervoises ». Cette vocation brassicole est confirmée par les légendes de deux gravures de 1659 et 1726.
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- La brasserie de Villers utilise en 1720-21 près de 80 tonnes de céréales (2/3 d’orge, 1/3 d’épeautre) et un peu de houblon. La part de bière consacrée à la vente est minime. Une bonne partie de la production sert vraisemblablement de salaire aux ouvriers travaillant au chantier du palais abbatial. La brasserie est en activité basse de juin à septembre, après quoi son rythme s’accélère. C’est particulièrement vrai pour le maltage, les températures élevées diminuant la germination. Un brasseur laïc est employé en permanence à la brasserie, chapeauté par un moine maître et secondé par un convers.
- Les comptes de 1766-68 montrent que les trois matières premières sont restées inchangées depuis 1721 mais que la part de l’orge a augmenté. Il y a alors trois bières différentes : une forte pour les religieux, une deuxième plus légère pour les hôtes et une dernière beaucoup plus légère pour les domestiques et ouvriers.
- Si ces données ne permettent pas une reconstitution « à l’identique » des brassins villersois, une nouvelle bière, inspirée de celle de 1721, est fabriquée depuis 2015 dans une microbrasserie didactique aménagée intra-muros