Une forteresse faite pour durer mais rongée par les vicissitudes du temps

Jacques de Pierpont I Géomètre-expert
Nadine Babylas I Architecte
Ingrid Boxus I Historienne de l'art
Centre des métiers du patrimoine « La Paix-Dieu » (AWaP)

 

La forteresse de Poilvache présente une diversité de construction et un ensemble de pathologies qui sont de véritables trésors pour l’apprentissage. Organiser des formations de consolidation ou de restauration de maçonneries anciennes sur ce site exceptionnel est, pour le Centre des métiers du patrimoine « la Paix-Dieu », une formidable opportunité.

La première étape, lors de l’organisation de ces stages, est d’établir avec le formateur le genre d’intervention et ses limites. Le choix est défini en fonction des spécificités du terrain, des urgences ou d’un plan global de restauration en tenant compte de l’intérêt qu’il offre pour l’apprentissage de techniques.

Stage de restauration à Poilvache, mai 2014 (photo © MPMM)
Stage de restauration à Poilvache, mai 2014 (photo © MPMM)

Un travail de restauration, qu’il soit de petite ou de grande envergure, commence impérativement par l’observation du monument et l’analyse du bâti dans son environnement direct et se poursuit par la lecture attentive des détails. C’est le rôle du formateur d’éveiller, d’aiguiser la curiosité des stagiaires pour comprendre l’évolution de la construction et cerner les causes des désordres. Le stagiaire doit s’interroger avant d’agir et apprendre à utiliser les études des historiens et des archéologues. Cette phase est essentielle afin d’éviter des erreurs d’interprétation ou de mise en œuvre lors de la restauration, erreurs qui peuvent être irréversibles.

Il est également indispensable de démarrer la formation par un cours théorique afin de déterminer le mode constructif, le type de mortier de chaux existant et à appliquer… Dans un second temps, l’apprentissage des bons gestes se réalise sur le terrain pour respecter le travail des générations précédentes et pour obtenir un résultat fiable dans le temps. Si des imprévus apparaissent lors des travaux, l’expérience du formateur, par son savoir-faire et sa connaissance des techniques anciennes, permettra alors de définir les adaptations nécessaires pour préserver le bâti.

Ces interventions, aussi ponctuelles soient-elles, contribuent au maintien des vestiges et permettent la transmission des règles de l’art de construire.

Le travail effectué en formation a concerné quatre zones du château, côté intérieur, comprenant notamment la porte d’entrée en plein cintre sur laquelle un grand épicéa s’était couché.

Les stagiaires en formation ont travaillé à :

  • extirper des arbustes indésirables déchaussant le parementage,

  • démonter et remonter le parementage de zones délicates,

  • remplacer des pierres altérées et/ou sans cohésion,

  • restituer des parements disparus et à rééquilibrer des maçonneries en recréant la liaison entre le parementage et la masse de blocage située à l’arrière,

  • traiter les arrachements par consolidation en prenant soin d’évacuer l’eau vers l’extérieur.

Ces exercices complexes de restauration de maçonneries anciennes sont utiles et récurrents dans la conservation de vestiges en élévation. Les stagiaires ont pu aiguiser leurs savoir-faire sur des maçonneries assisées aux joints fins et aux calibres variés, datant d’époques différentes. Le site de Poilvache représente donc un magnifique support d’apprentissage des techniques de conservation et de restauration de maçonneries anciennes.

HERITAGE

Axel Tixhon

QUOI DE NEUF A POILVACHE ?